jeudi 5 décembre 2013

Marry you - Dhangadhi - 05.12.13

Bon, les bus, j'arrête pour un temps.
5 heures normalement pour faire le trajet Bardia-Dhangadhi mais 8 heures en réalité car justement accident de bus devant nous !

Et quand on voit comment les gens conduisent au Népal (c'est à dire n'importe comment), on comprend pourquoi il y a des accidents.

C'est très simple : ici, il n'y a pas de ligne tracée au sol donc on conduit à droite, au milieu, à gauche, n'importe où du moment qu'on freine le moins possible tout en évitant piétons, charrettes, vélos, vaches, voitures, bus, camions, chiens... très forts les mecs !

Je sais pas, il doit exister une règle qui annonce que celui qui freine le dernier est le moins viril ou quelque chose du genre.

Enfin, me voilà à Dhangadhi après mes 8 heures de tape-cul ; nuit noire quand j'arrive, l’électricité est coupée. Heureusement un gentil natif du coin qui baragouine deux mots d'anglais voit la désespérée qui est en moi quand je me retrouve sur la route seule dans le noir cherchant en vain une enseigne d’hôtel et il m'accompagne gentiment.

Rien à redire sur les népalais, ils sont extrêmement gentils.

Mon hôtel est top, la bouffe géniale (plats indiens disponibles car on est à quelques kilomètres de la frontière indienne), le lit pas trop dur, la douche brûlante : le bonheur pour 20 dollars la nuit, ce qui reste cher pour le Népal.

Dhangadhi n'est pas dans les guides touristiques et vous l'avez constaté, c'est assez long et ardu de venir jusqu'ici.
La ville n'a rien d’exceptionnel.

Donc une nouvelle fois, qu'est ce que je suis venue m'enterrer ici ?
L'objectif de mon expédition se résume en deux mots : Rana Tharu.

Les Rana Tharu sont une sous-ethnie des Tharu (même s'ils revendiquent leur séparation de ces derniers) que j'ai envie de visiter et qui vivent dans des villages alentours.

Heureusement, grâce à un copain népalais d'un ami voyageur, je rencontre sur place Ramesh, un jeune guide de Katmandou en vacances chez ses parents à Dhangadhi. (= les amis des amis de mes amis sont mes amis).

Je lui expose ma requête et allons donc sillonner les routes 2 jours de suite.

On commence par aller en moto dans un village qu'on lui a recommandé à une 15zaine de kilomètres de Dhangadhi. Pour y accéder, le chemin est très mauvais et je finis de me péter le dos sur sa moto.

On se perd plusieurs fois, mais heureusement on finit par trouver. On s'installe dans la cour d'une maison et on me dit d'attendre que les filles se préparent pour me montrer leur habits traditionnels.

Petite déception, je pensais qu'elles s'habillaient au quotidien dans leur robe si particulière.
Puis quand elles sont enfin prêtes, je m'aperçois qu'elles ne revetent pas l'habit des Rana Tharu comme je l'avais vu.

Forcément, j'apprends que ce ne sont pas des Rana Tharu mais des Dangaura Tharu, une autre sous-ethnie des tharu.
Tant mieux, je découvre donc une nouvelle ethnie.



Ils sont tous adorables et avant de partir, ils nous offrent gentiment le couvert
On nous installe et nous apporte de quoi manger.

La suite en image..



Je me suis faite avoir et rien que le petit truc minuscule que j'ai à peine touché a réussi à me mettre la bouche en feu (ils doivent le tremper dans du piment, je vois pas d'autres explications!).

Puis Ramesh me parle de son père, il est professeur pour une classe de sourd-muets qu'il a lui-même créée.



L'histoire est belle et triste à la fois: il y a une 20taine d'années, lors d'un déplacement dans une autre province, il a vu un père qui voulait tuer son enfant de 5 ans car il était sourd.

Il demande alors au père d'épargner la vie de l'enfant et lui propose de l'en « débarasser » en le prenant avec lui. L'infâme accepta.

Il revint donc avec l'enfant, apprit la langue des signes. Et en tant qu'enseignant écrivit au gouvernement pour demander de l'aide pour l'ouverture d'une classe spécialisée.

Réponse : ok, on te donne les murs, on tolère que les gamins mangent à midi gracieusement du dhal et du riz mais pour le reste, tu te débrouilles.
Donc c'est lui qui paye tout le reste de sa poche, livres, cahiers et stylos entre autres. Un homme avec un cœur aussi grand que le dieu auquel on lui a prêté le nom : Vishnu.

J'ai passé un moment extraordinaire avec ses enfants, j'ai appris quelques signes, ai assisté au cours, j'ai partagé de beaux sourires avec ces gamins qui grâce à Vishnu ont désormais une éducation qui leur permettront d'avoir un vrai métier.










D'ailleurs, le petit gamin que Vishnu a sauvé, vit désormais à Katmandou où il est lui-même professeur pour des enfants sourds-muets.

Une petite vidéo du cours.


La photo de classe que je ferai imprimer le lendemain et donnerai à chacun des enfants.


Je n'ai qu'un mot à dire à ce grand homme en parlant à la place de ces enfants: Merci.
 
 
 

Pendant ses deux jours, sur les routes avec Ramesh autour de Dhangadhi, on a eu l’occasion de s’arrêter pour vivre un grand moment : Un mariage népalais.

Le premier mariage verra l'union d'une gamine de 14 ans avec un jeune homme de 19 ans. Dans les régions encore rurales et pauvres, se marier avec une gamine de 14 ans, c'est faisable et cela ne choque personne. Sauf moi bien sur.



Dans tous les cas, les mariages arrangés sont encore largement majoritaires au Népal.

Le second voit l'union d'une jeune fille de 21 ans avec un garçon de 27. C'est plus « standart ».




Une règle cependant : si tu es une fille et que tu n'es pas mariée à 27 ans, c'est foutu pour toi ma vieille !

Dans tous les cas, c'est musique, musique et musique. Toujours avec l'oncle complètement bourré qui tient à peine debout qui vient me parler en népalais en souriant bêtement.

Heureusement il n'y a pas que lui..


Je suis reçue comme une invitée très spéciale, je suis à peine arrivée que j'ai droit au collier, au tika (pour ce coup là, c'est carrément du riz coloré rouge qu'on me colle sur le front) et même offrandes (j'ai droit à une mandarine, une banane qu'on veut me coller dans la bouche dans les 2 secondes et même de l'argent !! 20 roupies soit 14 cts d'euro).


Et alors ils veulent absolument me voir danser !!

Donc, petite vidéo pour montrer ce qu'est un mariage au Népal et où on m'aperçoit danser quelques secondes (je sais, je ne suis pas une experte en danse népalaise comme vous pourrez le constater..)


Voilà encore de très beaux moment de partage. Je continue cependant de chercher à contacter des Rhana Tharu. La suite au prochain épisode.

Merci de me lire.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

Super post!
un grand merci à toi pour ce partage.

ps: pas si mal en danseuse!

Natalia

Anonyme a dit…

Au milieu d'un mariage...tu es unique Choute!!

Je trouve l'histoire de cet enseignant merveilleuse.

On en re-demande!!!

Bises et prends soin de toi,
Xavier

Anonyme a dit…

petit détail on mange avec la main droite.
bien sûr l'histoire de cet enseignant qui s'occupe d'enfants sourds-muets c'est tout simplement merveilleux. pourrez tu acheter des fournitures scolaires pour l'école ? de ma part bien sûr.
je sais que tu n'es plus dans le secteur mais il y a toujours des moyens...
mille baisers

Mimi bulle a dit…

Ah oui je sais qu'on mange de la main droite mais pour tenir la caméra, c'est mieux..
J'ai d'ailleurs repris mes bonnes habitues une fois la caméra posée! :)

Je vais voir pour les fournitures.

Merci pour vos commentaires!

Anonyme a dit…

L' 'ami voyageur' mentionne dans le texte apprecie tout particulierement cet article, a plus d'un titre (on se comprendra!)
Bise d'Ethiopie

Anonyme a dit…

Ma Choupinette d'amour!
Qu'est-ce que tu me fais rire depuis le jour de ton départ.
tu décris tellement bien les situations que j'arrive même à imaginer tes mimiques lors de tes aventures! :)
Les vidéos ajoutent également une nouvelle approche à ton voyage... j'adore surtout quand tu manges du piment!!
Mais ce que j'aime par dessus tout dans tes voyages ce sont les magnifiques rencontres humaines comme celle avec Vishnu

take care
love xoxo