jeudi 7 mars 2013

Tu parles trop - Udaipur - 07.03.13

Après Jodhpur, mon étape était Pushkar.

Pushkar, petite bourgade idéale : aux portes du désert mais entourée de collines verdoyantes, et agrémentée d'un lac sacré. Un eldorado pour les premiers touristes qui débarquèrent là il y a une 30taine d’années qui ont apprécier l'ambiance tranquille et sereine de la ville, où les motos et rickshaws étaient absents.

Puis la petite ville a été victime de son succès, les touristes étrangers sont arrivés en masse, et l'activité s'est logiquement tournée vers ce nouvel essor.

Conclusion :des boutiques à perdre de vue dédiées à ces nouveaux arrivants, une agitation plus touristique que religieuse. Le lac sacré étant plus prisé des singes et des vaches que des pèlerins quand j'y étais.
 
 





Bref, si vous voulez manger des pastas que l'on vous propose sur une carte traduite en hébreu tout en écoutant les gipsy kings, (tout ça est véridique..), ce lieu est pour vous.

Sinon.. fuyez ! Et c'est ce que je fais au bout de 24 heures.

Direction la majestueuse Udaipur, la ville blanche, la petite Venise qui se pare de ses habits de lumière au coucher de soleil.


 
 
 

Parmi les incontournables d'Udaipur, son Palace. Divisé en 3 parties, une pour les descendants de la famille royale d'Udaipur, une autre pour son hotel de luxe et enfin la dernière pour son musée.

N'étant pas intime du roi, et n’ayant pas 500 euros à dépenser pour une nuit d’hôtel, j'en suis donc réduite à visiter le musée.








Et pour les fans de James Bond (dont je ne fais pas partie n'ayant jamais réussi à voir un film en entier), il y a le fameux Lake Palace, au milieu du lac, qui apparaît dans Octopussy. D'ailleurs, si vous ne l'avez pas vu, nombres de GH proposent des sessions de rattrapage chaque soir.





Udaipur est belle et romantique. Pour l'instant, la plus merveilleuse des cités de Rajasthan que j'ai visité.

Mais je cherche le contact avec les indiens et Udaipur compte des indiens certes très chaleureux mais surtout très commerçants. Et la même équation touriste = argent se vérifie dans chaque contact établi ou presque.

Je demande à un chauffeur de rickshaw de m'emmener dans un village alentour, peut être que là les contacts seront plus aisés.

Mouais... les gamins, à peine repérée, me demandent comme d'habitude roupie ou stylo. Ça a le don de m'agacer.

Je profite cependant, et je m'attarde à photographier les peintures qui ornent l’entrée de presque chaque maison. L’éléphant représentant la chance et le cheval le pouvoir.




 

Puis une vieille dame me demande de la prendre en photo. Comme j'imagine bien que c’est pour me demander de l'argent après et que je ne donne jamais d'argent pour une photo, je refuse.

Elle insiste lourdement, me sourit. Bon, allez, je sors l’appareil photo pour lui faire plaisir, son visage édenté plutôt repoussant ne me séduisant guère.

Elle pose comme une pro, je prend quelques clichés, les lui montre et la remercie.

La vieille me demande alors, comme c'est étonnant, de l'argent. Je lui explique que ben.. non, il faudra qu'elle se trouve un autre pigeon, moi je lui ai rien demandé après tout.

Et là, son visage devient menaçant, elle m’empoigne par mon t-shirt et ne veut plus me laisser partir la folle ! « money, money !».

Si au début je souriais encore, je commence à m’énerver sérieusement et essaye de lui faire enlever sa main de mon vêtement. Peine perdue, 40 ans de travaux dans les champs compense son age.. Elle a de la force la folle.

Elle essaye même d'ouvrir mon sac. Là pour le coup je m'emporte, la dégage de moi et pars d'un pas pressé avant qu'elle n’ameute tout le village par ses cris de vengeance.

Je retrouve mon rickshaw que je prie de démarrer au plus vite.

Ahhh que l'inde me fatigue quand j'ai ce genre d’expérience ! Qui est bien plus fréquente dans le nord que dans le sud.

Je prévois d'aller visiter le temple de Ranakpur à 2 heures d'Udaipur. Pour cela, il vaut mieux prendre un taxi pour la journée mais c'est une dépense importante (si on considère le coût en Inde.) Si la GH me trouve quelqu’un pour partager les frais, bien. Sinon tant pis, j'irai toute seule.

Un matin que je passe devant la réception de la GH, une canadienne qui parle très fort et qui vient d'arriver commence à me parler et me demande justement si je ne veux pas partager un taxi pour Ranakpur.

Alléluia ! (enfin, c'est vite dit, je vais comprendre ma douleur plus tard..)

Tamarra veut devenir ma nouvelle meilleure amie. Et pour célébrer notre amitié naissante, me propose immédiatement de nous retrouver pour dîner.

Vu que je fais ma sauvage depuis presque un mois, pourquoi pas ?

Tamarra fait partie de ces gens qui sont contents d'eux et qui essayent de vous transmettre leur enthousiasme sur eux-mêmes à grand renfort d’anecdotes sur leur vie.

Et après une heure, je saurai tout de cette professeure de 42 ans qui a prit une année sabbatique pour voyager. Ses amours déçues, ses désirs d'enfants recalés aux oubliettes, ses changements d’établissement, ses amis, ses problèmes de poids, son frère, ses parents, etc.. etc...

Tout ce déballage alors que l'on nous connaissons à peine me semble impudique mais après tout, chacun est comme il est et cette Tamarra n'est pas méchante. Mais zut, qu'est ce qu'elle parle !

Aurais--je un aura si spécial qu'elle est envie de tout me dévoiler comme ça ?

Que nenni ! J'aurai l’occasion de me rendre compte qu'elle se fait très facilement de nouveaux amis, tout le temps. Forcement elle accoste TOUT le monde ! Et elle leur donne des conseils sur l'inde, et de comment on doit voyager et quelles villes il faut aller voir..

Pendant la journée qu'on a passé ensemble pour aller au fameux temple, elle a parlé à environ 30 touristes, m'imposant ces diarrhées verbales. Elle a même proposé, sans me demander mon avis, de partager un bout de chemin avec une anglaise et sa fille en taxi. En soi, tant mieux si on peut rendre service mais demande-moi au moins..
Et là, j'ai découvert que quelqu'un pouvait parler de tous les sujets sans exception pendant des heures. Je veux dire, entendre quelqu'un parler pendant une demi-heure de chou-fleur (sans exagération, 30 minutes sur le chou-fleur, pourquoi elle n'aimait pas, pourquoi aujourd'hui elle aime, quelles sont ses nouvelles recettes favorites, la texture du chou-fleur, l'odeur du chou-fleur, la couleur du chou-fleur, tout y est passé!), c'est possible ça ?

A un moment j'en pouvais plus, et indélicatesse suprême de ma part, j'ai mis mes écouteurs dans les oreilles et je les ai laissé continuer déblatérer.

Je suis un monstre, non ?

Conclusion : la tranquillité de mon âme avait un prix ce jour là et je l'ai cédée pour économiser 10 malheureux euros.
On ne m'y reprendra pas.

Cela-dit cette expédition valait le coup. Sur le chemin, on s’arrête au fort de Kumbhalgargh..36 Km de remparts, un fort imposant, de beaux vestiges. Le paysage sous fond de montagnes arides est impressionnant.






Mais le bijou incontesté qui méritait cette excursion est le temple jaïn de Ranakpur. Cette merveille du 15ème siècle faite de piliers sculptés en marbre est unique, éclatant de sérénité, de pureté.










Un lieu presque parfait. Mais puisque seul les dieux sont parfaits, on a fait exprès de mettre un pilier pas droit, pour nous rappeler que l'humain, même au service de sa religion, se doit d'avoir des failles.


 
la religion jaine est basée entre autre sur la non-violence. Et sur le respect de tout être vivant. Ainsi en croisant un moine jaïn dans le temple, je suis surprise de découvrir un masque sur sa bouche.

Un indien m’explique alors que c'est pour éviter que de petits insectes ne soient tués en les respirant. Leurs préceptes vont donc très loin..
 

En revenant sur Udaipur, décidée coûte que coûte de tenter à nouveau l'expérience dans un village, je demande à notre chauffeur de s’arrêter dans un de ces petits villages qui jonchent la route.

Là, ô bonheur, je retrouve les indiens que j'aime tant. Leur sourire, leur spontanéité, leur générosité, leur hospitalité. Je passerai un moment magique dans une maison sombre, où des centaines de mouches envahissent la pièce mais dans laquelle j’écouterai l'histoire de cette famille réunie pour moi, récemment touchée par le décès du grand père dont on exhibe la photo solennellement, où on me nourrit et m'offre le chai.









Ces moments là me feront oublier les mauvaises expériences passées. J'aime cette Inde là. Elle m'émeut et je ne voudrais jamais partir de ce petit village.
Voilà donc mon séjour à Udaipur, sous 38 degrés au compteur. Je change un peu mes plans. Je pars demain pour Bundi puis Varanasi.

En tout cas, ici comme ailleurs, je fais mon petit effet aux indiens qui me demandent toujours de poser pour eux. Sauf que moi je ne demande jamais d'argent après!



Et pour illustrer le titre de ce post, voilà cette chanson écrite pour celle qui se reconnaîtra. "Tu parles trop"...


 
 


7 commentaires:

Unknown a dit…

Do you know this lake in Udaipur is an artificial one ?
Your journal is great!:)
Fatih aka Istanbul Diary

Anonyme a dit…

Merci mimi d'avoir visiter un intérieur ! À ce que je vois c'est aussi beau dedans que dehors !!! Quand à ta rencontre avec la moulinette à parole je vois que tu insiste ou tu veux croire que tu peux partager des bouts de voyage mais NON Mimi n'insiste pas !!!! ;-) des bisous @ude

Unknown a dit…

Ca c'est de l'aventure... Le temple est magnifique et tes portraits tout aussi superbe! L'histoire du moulin a paroles m'a bien fait rigoler en tout cas! ;)
Bisous ma belle

Anonyme a dit…

magnifique ce temple jaîn,mais tu était seule pour l'admirer ou tu as fait sortir les touristes pour ne pas gacher les photos !!!!

j'aime beaucoup l'idée de porter un masque pour protéger les petits insectes, je propose que l'on fasse pareil en notre douce France, pas pour les insectes mais pour éviter de dire trop de méchancetés, ça serait meilleur pour notre karma ...

bisous
cathy

Unknown a dit…

Merci pour ce long post.je garde un souvenir émerveillé du temple djain de Ranakpur qui est une des plus belles choses que j'ai vu en Inde.c'est vrai que le Rajastan est une des regions les plus touristique de l'Inde.quand tu a fais le sud tu a du remarquer que c'etait beaucoup plus tranquille;et si tu ne veux plus voir que des Indiens fait la cote nord est et le sikim.Tranquilitee assurée!Bonne continuation.

Unknown a dit…

Magnifiques couleurs, lumière, people, architecture...

Always beautiful malgré le moulin à paroles...

J'ai bien ri juste en imaginant ton expression dépitée

I miss u

your choupinette

Anonyme a dit…

Toujours agréable de te lire et bravo pour tes images (reflexe)! bises de Montreal😉 abit99