mercredi 13 juin 2012

Sur la plage abandonnée - Coron - 13.06.12

Après El Nido, je m'échappe à Coron, à 4 heures de bateau. Le ciel n'est toujours pas clément et j'arrive dans cette petite ville sans charme sous la pluie.
Plus d'une semaine sous ce ciel noir commence à sacrément à me saper le moral ! Mais ici, je viens pour plonger donc finalement, peu m'importe s'il fait beau ou pas.


Donc à Coron, le must de la plongée sont les épaves. On le doit aux américains qui ont bombardé la base japonaise installée ici pendant la 2eme guerre. Du coup, des dizaines d'épaves de cargos, porte-hydravions et autres monstres des mers gisent dans la baie, devenant un paradis pour fanas d'épaves.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres..

J'avais déjà plongé sur des épaves mais petites, récentes et plutôt faciles d'accès.
Descendre à 40 mètres pour aller explorer l'intérieur de ces cargos de plus de 100 mètres de long était donc une expérience nouvelle.

1ère constatation mais je m'en doutais : La visibilité est... très limitée. Encore plus avec la pluie. Je ne vois pas à plus de 3-5 mètres. Lors de la descente, on ne voit donc presque rien. Soudainement, la carcasse apparaît devant soi. Imposante, terrifiante, impressionnante.

2ème constatation : Tu as intérêt à maîtriser ta flottabilité. Car une fois à l'intérieur, on passe à travers des portes minuscules. Parfois la bouteille ne passe pas et il faut alors y aller en pivotant sur le coté, en évitant les bords coupants. Sport..

3ème constatation : Dans certaines parties des épaves, on ne voit absolument plus rien. Le noir complet. Seule la torche nous apporte un peu de lumière, ce qui rajoute un coté encore plus angoissant à l'exploration.


4ème constatation : La vie marine qui s'est développée ici est incroyable. Sur du simple acier, et au travers de toutes ces années, le corail a prit racine. Et je ne me lasse pas d'être fascinée par cette capacité de la nature à prendre ses droits partout où bon lui semble.

Pendant 3 jours, je m’aventurerais donc sur ces fameuses épaves. Salle des machines, salle des commandes, cuisine des commis n'ont plus de secrets pour moi.



Bon, en revanche, quand je tombe sur une mâchoire de japonais, j'ai un peu moins envie de rigoler...



Ce qui me redonne le sourire en revanche sont toujours mes nudis adorés. Aux couleurs toujours aussi extraordinaires..









Conclusion : La plongée sur épaves a un coté aventure chargée d'histoire. Je comprends les fans d'épaves mais disons que ce n'est pas le type de plongée que je préfère.

C'est trop obscure. J'ai besoin de lumière.

En parlant de lumière, elle revient enfin. Pour mes derniers jours à coron, le soleil réapparaît et j'en profite pour louer une bangka et aller explorer les îles alentours. Loin des packs touristiques du même genre qu'à El Nido, à débarquer en même temps sur les mêmes îles.

Alors avec ma bangka, mon capitaine et son cuisinier, je parcours l'archipel des Calamian à la recherche de plages désertes (ou désertées.)





là, je suis encore innocente, je ne sais pas encore ce qui m'attend..

La mer est pour moi toute seule et vous ne pouvez imaginer ma satisfaction d'évoluer dans ces eaux cristallines comme un poisson dans l'eau.

Sauf que, quand j'arrête de me prendre pour une sirène et que je me redresse sur mes deux pattes pour reprendre forme humaine, on me le fait payer.

Alors que je marche dans l'eau peu profonde pour rejoindre la plage, une douleur lancinante paralyse littéralement mon pied droit. Une brûlure intense.

Je vois alors que les filaments de 10 cm d'une méduse y sont encore accrochés. Je les lui ai arrachés en marchant dessus. Horreur. Je fais comme je peux pour les enlever et appelle le capitaine à la rescousse. La méduse amputée mais qui a encore quelques ressources se venge alors sur ma jambe gauche. Youpi...

Je déguste, je prends sur moi mais la douleur est vive.

Tout de suite, jus de citron et vinaigre sont réquisitionnés pour me soulager. La marque des filaments sur ma jambe témoigne de la violence de l'attaque et je commence à questionner l’équipage sur la dangerosité éventuelle de la bestiole.

Et là, j'ai deux sons de cloche. Le capitaine me rassure en me disant que ce n'est pas grave mais je vois bien que le cuisinier n'a pas l'air d'accord.

Voilà, je suis sur le bateau à m'asperger de vinaigre en constatant l'étendue des dégâts, et j'ai deux compères en face de moi qui s'engueulent à moitié pour savoir si la méduse est dangereuse ou pas..

Euh.. oui les gars, c'est ça.  Surtout prenez votre temps.. Faites comme si je n'étais pas là, en train de me tordre de douleur à coté de vous en me demandant si je vais survivre.. hein..

Finalement après une inspection plus poussée de mon corps meurti, ils se mettent enfin d'accord : oui, la méduse est dangereuse mais là où elle m'a piquée, il n'y a pas de quoi s’inquiéter.


Cette méduse n'est en fait mortelle « que » si elle vous attaque au niveau du cœur et du visage.
Mouais.. suis à moitié rassurée quand même. Alors on me précise que si la piqûre avait été mortelle, cela n'aurait pris que quelques minutes pour que je passe de vie à trépas et là, ça fait bien 10 minutes..
ahhh.. ben voilà une bonne manière de me rassurer..

En tout cas, si vous voulez plus de renseignements sur cette méduse appelée aussi «main de la mort» qui tue chaque année ; voici le lien: http://fr.wikipedia.org/wiki/Chironex_fleckeri

On retrouve un peu plus tard la pauvre méduse à qui j'ai arraché pratiquement tous ses filaments, agonisante.


La douleur a persisté toute la journée mais le lendemain je n'aurai plus de marque même si ma cuisse restera douloureuse, comme si je souffrais d'un bleu invisible.

Ce qui ne m’empêchera pas de retourner sur de nouvelles îles..



Coron est donc ma dernière étape des Philippines, pays immense aux possibilités infinies. J'aimerais y revenir pour aller explorer les îles plus éloignées, les villages plus reculés.

Il y a encore des zones totalement vierges de tourisme. Et ces zones là m'attirent. Une prochaine fois.

Pays original, les Philippines sont à part. Sa culture est difficile à appréhender, mélange d'Asie, d'Etats-Unis et d'Espagne. Fervents catholiques, passionnés de NBA, fans absolus de karaoké, drôle de personnages que ces philippins.

Ce mix se retrouve dans leur langue : Dans une même phrase, mots espagnols, anglais et Filipino s’entremêlent librement. Dans leur cuisine aussi. Mais là je vais pas m'étendre, c'est la pire d'Asie. C'est comme de la bouffe espagnole mais en (beaucoup) moins bon.


Je ne parlerai pas non plus du tourisme sexuel qui pourrit littéralement le pays. Mais tant que la corruption permettra à ce commerce de se développer aux yeux de tous et tant que la pauvreté poussera ces femmes à se prostituer, il sera difficile de l'éradiquer.

Ce pays mérite pourtant un tout autre type de tourisme beaucoup plus sain. Dommage.

En attendant, je retiendrai surtout ces plongées superbes et ces plages abandonnées.


Merci de lire une rescapée (encore..).

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Et bien et bien!!! Tu vas finir par porter sur la peau et non plus seulement dans la tête ton beau périple .... chutes, valdingages, attaques de poissons, meduses sournoises...ahahaha en tout cas nous continuons à te lire toujours avec une même excitation proche de celle que nous aurions à savourer un bouquin passionnant dont les pages ne nous sont livrées qu'au compte goutte, la suiteeee viiite :). Nous t'embrassons bien fort! Ju, Seb et Titou.

CyaN a dit…

Trois jours de plongées sur épaves... Comme je t'envie; c'est probablement le type de plongée qui m'a fait le plus d'effet, de par l'intensité des sensations éprouvées.
Pour ne rien gâcher, ces îles ont l'air tout à fait délicieuses de beauté.

Bien content de lire que cette meduse n'aura pas laissé sa néfaste empreinte sur toi. L'intense douleur, toute temporaire qu'elle fut, est une expérience suffisamment traumatisante.

Que d'aventures!

Anonyme a dit…

Survivre à la main de la mort, cela ne m'étonne pas de toi, car tu es un chat - tu as plein de vies en réserve :-) Un chat qui aime la plongée, ce n'est pas banal d'ailleurs...;-)
Mais sois prudente quand même !

Merci de partager ton voyage de façon aussi vivante et magnifique...

Vincent

Anonyme a dit…

en fin un moment pour lire tes aventures. la plongée sur épave, non merci mais les plages désertes ça oui. quant à ta méduse aux 24 yeux, la pauvre. est elle morte ?
t'en as pas marre de voir des plages idylliques, des nuages gracieux dessiné par un dieu artiste, des créatures colorées nageant dans les eaux cristallines. Ne voir que du beau...
c'etait la journée dérision.
Mille baisers,
Mam

Hélène a dit…

c'est la méduse du film 7 vies...ça fait flipper !!!!!

take care !

Anonyme a dit…

Quel courage dis donc ! Je serait tout à fait incapable de pouvoir visiter des épaves ... dans le noir en + .. tu me surprend de post en post ! Et puis survivre à une méduse ça c'est encore + difficile ! Tu m'épate.. tu m'épate .. tu m'épate !
Bisous bisous
@ude

Anonyme a dit…

comment ça "pauvre méduse"?
Saleté de méduse,oui.
Contente de savoir que j'ai nagé au milieu de cette espèce mortelle,heureusement que je ne lis que maintenant ton post,une fois les baignades terminées.
Julie