dimanche 1 novembre 2015

Going home - Shaxi - 01.11.15



J’étais donc bloquée à cause d’un typhon dans le village de Nuodeng. Les jours passent et la pluie ne cesse de tomber, provocant des éboulements qui bloquent la route reliant les villes alentours.  Au bout de 5 jours, enfin, ma famille m’annonce que je pourrai repartir le lendemain matin. Non pas que Nuodeng ne soit pas mignon, mais on en fait vite le tour.


Retour donc à la civilisation. Aux aurores, je prends un bus dans la ville la plus proche , Yunlong,  pour Jianchuan à .. 6h30 de route. Un mini-bus déglingué fait le trajet et après 15 minutes à l’intérieur, j’en arrive à la conclusion que l’occupation principale du chauffeur et de la dizaine de passagers est de fumer le plus possible de cigarettes à la chaine. Asthmatiques s’abstenir ! L’habitacle n’est qu’une épaisse fumée qu’on laisse de temps en temps échapper par les petites fenêtres par lesquelles le froid s’engouffre. Autant dire que ce voyage a été légèrement éprouvant. D’autant que je découvre une nouvelle tradition chinoise. Si un passager sort une cigarette, il en propose automatiquement à tous ceux qui l’entourent. Je ne fais pas exception à la règle et malgré un refus poli, le ton sur lequel on me répond tout en agitant la cigarette devant moi ne laisse pas de place à la négociation. Voilà comment je me retrouve dans un bus glacé et enfumé obligée de crapoter des cigarettes chinoises qui n’ont rien à envier aux gauloises sans filtre.

Autant vous dire que je suis contente d’arriver à Jianchuan. Mais ma journée de transport ne s’achève pas là puisque je dois reprendre un taxi collectif jusque ma destination finale, Shaxi et enfin trouver une guesthouse pour m’écrouler sur mon lit, extenuée. 

Le lendemain, je suis récompensée de ma persévérance, Shaxi est un gros village hors du temps au charme ravageur. Tout est beau, tout est paisible, Shaxi est petit mais on pourrait y passer des heures, des jours, à apprécier la sérénité des lieux. Je crois que jamais, dans aucune autre ville de mes précédents voyages je n’ai ressenti autant de… zen. 










Le lieu de rendez-vous est la place principale.
Les vieux au regard absent côtoient les enfants joueurs. 









Et moi je suis heureuse d’être la spectatrice discrète de ces moments de vie qui me font aussitôt oublier les heures de route.


J’ai même droit à un petit spectacle sur la place principale filmée par la télé. On dirait que j’ai un ticket avec le cameraman car il me filme sans discontinuer. Mon petit sourire va-t-il le contenter ? Ah ben non, il continue…




Petit aperçu du spectacle :



Ce moment de répit aura durer.. 24 h. Aussitôt les galères me rattrapent. Je suis le miel, les emmerdes les abeilles et on dirait qu’elles ne sont pas prêtes de me lâcher en Chine.
 
Ça commence tout d’abord par l’organisation de mes prochaines étapes qui doivent me conduire aux frontières tibétaines, dans la région de Deqin. Or, j’apprends qu’il est impossible d’y aller d’une part à cause des dégâts provoqués par le typhon sur les routes et d’autre part par la neige qui a commencé à tomber. Et une nouvelle fois bibi se demande où elle va alors poser ses fesses.. Le nord, c’est foutu, le sud c’est 22 heures de bus.. Je ne suis pas super motivée.

Ensuite, ma pire crainte en voyage commence à pointer son nez : à mon état de fatigue s’ajoute une satanée fièvre. Etre malade, ce n’est pas agréable, être malade en voyage, c’est compliqué, mais être malade en plein milieu de chine, on est dans l’antichambre de l’enfer !
Je me bourre de médicaments et me décide à aller à la pharmacie du village mais on ne se comprend pas, le pharmacien me montre des boites écrites en chinois. Impossible de savoir ce que c’est et je n’ai pas envie de m’empoisonner. Je repars donc avec.. ce qui me semble être de la gelée royale au vu du dessin imprimé sur la boite.
Je passe deux jours comme ça, semi-comateuse, au fond de mon lit.

Alors bibi commence à réfléchir. Mon état ne s’améliorant pas, sans prochaine étape définie, et bien appliquons la fameuse devise : courage, fuyons ! Je me résous à changer mon billet pour rentrer en France. Si je dois mourir, autant être entourée des miens (vous remarquerez mon sens aigue de l’exagération..)
Cela dit, j’en même pas large là-bas et les galères continuent.. 

Je décide donc de repartir dès le lendemain à kunming. Mais avant, il me faut régler les nuits passées dans ma GH. J’avais remarqué un peu soulagée qu’en arrivant à l’entrée de Shaxi, il y avait une banque.  Je m’y dirige donc pour retirer car je n’ai plus rien sur moi.
J’insère ma carte, tape mon code. « code erroné » me répond l’insolente machine.. Je retape mon code en faisant plus attention. De nouveau « code erroné ». Ouh là, c’est quoi cette mauvaise blagounette ? Le sort a décidé de s’acharner ou quoi ? Non, mon code est correct, il y a un autre problème. Je retourne un peu affolée à ma GH. Seule la femme est là et ne parle pas anglais bien sur.
Elle appelle alors son mari au téléphone et je lui explique la situation. Il me répond alors que c’est normal que je ne puisse retirer puisqu’il s’agit d’une banque locale qui n’accepte que les cartes chinoises !
Ahhhh.. et comment je fais alors ?
Réponse : il faut que tu ailles dans la plus proche grande ville retirer avec ta carte puis revenir. Pour ça il faut que tu prennes… 4 bus différents.
On s’acharne je vous dis.. Hors de question de prendre 8 bus dans la journée. Je tente alors mes talents de négociatrice. J’ai des euros, quelqu’un voudra bien me les changer ? Ben non..
Au final, après 2 heures, sans autre alternative possible, le patron très aimable accepte enfin mes euros, ce qui me laisse assez de liquidités chinoises pour rejoindre la capitale du yunnan demain.
Soulagement !

Retour à Kunming le lendemain sans encombre après 8 heures de trajet, où je me jette sur le premier DAB venu.
A moins de 24 heures de mon retour en France, vous pensez que j’en ai fini avec mes pérégrinations chinoises ? Que nenni..

Je me sens pourtant beaucoup mieux et je profite de mes derniers instants à Kunming (que j’ai un peu plus apprécié qu’à l’aller) avant de partir pour prendre mon vol intérieur Kunming- Pekin puis mon vol pekin-Paris.

Je suis en avance, et j’attends patiemment en salle d’embarquement  jusque l’heure annoncée. Là, une hôtesse de la compagnie  fait une annonce en chinois et au vu des têtes des autres passagers, ça n’a pas l’air d’être une bonne nouvelle. Je m’avance au comptoir pour demander qu’on me fasse la traduction en anglais. Là encore, je comprends vite qu’aucune hôtesse ne parle anglais. Finalement, par le biais d’application sur le portable qui s’occupe de faire la traduction pour moi, j’apprends que l’avion a un problème technique et qu’on est en train de le réparer. Rassurant..
Patience donc.. Mon moi optimiste ne s’en fait pas trop, j’ai quand même 3 heures de transit à Pekin, je me dis que j’ai le temps..

Après 1h30 d’attente et après qu’un employé de la compagnie m’ait dit que je raterai ma correspondance, mon moi pessimiste me mets KO.
Heureusement, quelques minutes plus tard, après une annonce (en chinois..), tout le monde se presse vers la porte d’embarquement. Apparemment, l’avion serait « réparé » et prêt à décoller.
Je pousse un ouf de soulagement et mon moi optimiste se relève d’un coin du ring. 2eme round.

En décollant, je calcule : j’aurai une heure pour sortir de l’avion, courir au terminal international, me présenter à l’immigration, passer les contrôles de sécurité et trouver ma porte d’embarquement.
Mouais, short mais jouable.. 

Je demande à l’hôtesse d’être placée en business pour être la première à sortir de l’avion.
Atterrissage à Pékin. Je m’apprête à battre des records de course à travers un aéroport. Mais mon moi pessimiste refait son apparition. En effet, au lieu de se poser et de chercher sa petite place de stationnement, l’avion fait des tours sur les pistes pendant  20 minutes. Je bous, je piétine, je rage, je me dis que jamais je n’aurai mon avion, mes nerfs commencent à lâcher. D’autant plus que quand mon avion s’arrête enfin, on est au milieu de nulle part et je vois des bus qui nous attendent.. Là, devant la porte en attendant qu’elle s’ouvre, j’explose en sanglots. Impossible de me retenir. La pauvre hôtesse à coté a pitié de moi et compatit en me précisant de prendre le premier bus qui est un mini.

Il me reste 40 minutes.. le mini bus part rapidement. Je vois les lumières des terminaux devant moi. Mon moi optimiste ravale mes larmes devant des chinois éberlués devant mon attitude. Le problème c’est que les terminaux apparaissent pour mieux se défiler car au lieu de s’arrêter, le mini bus prend les tunnels qui s’engouffrent sous les terminaux.  Moi pessimiste reprend du terrain. 3ème round.

Au bout de 15 interminables minutes, le mini bus s’arrête, les autres passagers comprennent d’eux-mêmes qu’il faut me laisser partir la première !

Course frénétique. Attente de la navette pour aller au terminal international (inquiétude manifeste d’un anglais qui vient me voir pour me demander ce qu’il se passe vu ma tête..), 6 minutes de navette, sprint vers l’immigration (à cette heure-ci il n’y a personne..), passage au contrôle de sécurité. Il me reste 10 minutes, je cours comme une deratée, trouve la porte d’embarquement et je ne sais comment je me retrouve enfin dans mon avion à quelques minutes du décollage (ce qui n’a pas été le cas de ma valise restée quelques jours de plus à Pekin). Fin du match. Optimisme a gagné.

Bilan de la Chine : Compliqué, très.. compliqué. Le barrage de la langue est le problème majeur. Dans les autres pays on trouve toujours quelqu’un qui parle anglais. Là, c’est juste quasi impossible, je ne m’imaginais pas à quel point. Et les traducteurs sur les téléphones ont leurs limites.
Je n’ai pas eu de chance avec ce typhon. Sûrement que j’aurais avancé plus vite dans mon parcours et visité plus d’étapes. 

Bilan donc mitigé mais comme on apprend toujours de ses expériences, je peux dire que la chine est une grande dame que je reviendrai voir, de manière différente, avec un guide. La Chine n’est pas encore faite pour les voyageurs indépendants surtout si comme moi, on souhaite sortir des sentiers battus..

A bientôt donc.  Car si vous me connaissez un peu, je ne renonce jamais.

2 commentaires:

Fafa a dit…

Courageuse Mimi, et finalement pas si malchanceuse, car tu finis par te sortir de tes galères. Merci pour ce partage d'expérience chinoise et pour ces belles photos.

Anonyme a dit…

Merci pour le récit de ce retour rocambolesque! Et te connaissant, oui, on sait que tu y retourneras! Ps: j'adore vraiment tes portraits.
Yves et Pascale